« Nous avons totalement confiance l’un envers l’autre »

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Photo: Stephan Bögli

Walter Reusser (CEO Sport) et Diego Züger (CEO Commercial) ont repris la direction opérationnelle de Swiss-Ski au début de la saison 2023/24 sous la forme d’un duo. Dans cet entretien accordé au terme de leur premier hiver en commun à la tête de la Fédération, les deux hommes s’expriment notamment sur la saison exceptionnelle vécue en Coupe du monde de ski alpin, les défis relevés et ceux qui viennent, ainsi que sur leur collaboration dans un nouveau rôle. Ils se projettent aussi déjà sur la saison prochaine avec les deux Championnats du monde de biathlon et de ski freestyle/snowboard en Suisse.

Avec un nouveau succès au classement par nations, les triomphes au classement général de la Coupe du monde Lara Gut-Behrami et Marco Odermatt ainsi que cinq petits globes de cristal, Swiss-Ski a connu son meilleur hiver de Coupe du monde de ski alpin depuis la saison 1986/87. On se demande presque s’il sera possible de faire mieux.

Walter Reusser : Il ne faut pas voir les choses comme ça. Les résultats montrent plutôt que nous pouvons être fiers du travail accompli en ski alpin. Nous parvenons à soutenir le grand nombre d’athlètes pour leur permettre d’avoir du succès en compétition. Nous sommes heureux d’assumer des responsabilités chez Swiss-Ski à une époque où l’équipe, emmenée par des figures de proue comme Lara Gut-Behrami ou Marco Odermatt, enchaîne les performances exceptionnelles semaine après semaine.

Quelle est l’importance pour la Fédération de pouvoir compter sur des Marco Odermatt et Lara Gut-Behrami – au-delà des succès en Coupe du monde et des globes de cristal ?

Reusser : Ils donnent une grande stabilité et une grande sécurité à l’équipe. Les autres membres de l’équipe savent qu’il y a parmi eux les meilleurs skieurs du circuit, qui sont satisfaits du cadre que nous leur offrons et que nous devons soutenir au mieux. Ce sont de parfaites références pour leurs coéquipières et coéquipiers, à chaque entraînement. D’un autre côté, les locomotives que sont Marco et Lara ont déjà prouvé à de nombreuses reprises qu’ils savaient gérer les attentes élevées. Ils permettent également de retirer de la pression aux autres athlètes.

Diego Züger : Le succès sportif est la base qui nous permet de commercialiser les sports de neige suisses, qui provoque l’intérêt du public et qui crée des émotions positives. Nous avons la chance d’être très performants sur le plan sportif depuis quelques années déjà. Des personnalités d’exception comme Lara et Marco parviennent à attirer sur le ski l’attention des personnes qui ne font pas partie de notre groupe cible et de notre base de fans, que ce soit devant la télévision ou directement sur place lors des événements.

Au-delà des résultats exceptionnels en ski alpin, que retiendrez-vous de l’hiver 2023/24 ?

Reusser : Je dois dire que je ne cesse de m’enthousiasmer pour Mathilde Gremaud. Elle a déjà accompli énormément de choses pour son âge. Cet hiver, elle a marqué de son empreinte la Coupe du monde de freeski en devenant la première freestyleuse à remporter trois globes de cristal. C’est tout simplement exceptionnel. Mais j’ai aussi apprécié les progrès constatés dans le domaine nordique. Lena Häcki-Gross, une biathlète déjà expérimentée, a encore franchi un pas en s’imposant à plusieurs reprises en Coupe du monde. En ski de fond, nous avons deux athlètes qui sont montés sur le podium pour la première fois chez les hommes. Et en saut à ski, Gregor Deschwanden a permis à la Suisse de retrouver le podium après quelques années. Sans oublier notre équipe de skicross, qui reste au sommet année après année.

Züger : Cet hiver, nous avons décroché des podiums dans neuf des onze sports de la Coupe du monde. Cela montre à quel point nous avons du succès, même à grande échelle. Nous tenons à remercier ici tout particulièrement nos partenaires, car sans leur engagement, ces nombreux succès sportifs n’auraient pas été possibles. Les succès de nos athlètes lors des étapes de Coupe du monde en Suisse restent souvent gravés dans nos mémoires, et ils ont obtenu victoire à plusieurs reprises l’hiver dernier. En plus des succès lors des classiques suisses du ski alpin, je pense aussi aux podiums de notre équipe de snowboardcross en Engadine ou de Nadine Fähndrich sur le 20 km dans la vallée de Conches, qui ont été de bonnes surprises. Toutes ces visites de la Coupe du monde en Suisse ont d’ailleurs été de grandes fêtes. Une étape importante a également été franchie avec la première Coupe du monde de biathlon à Lenzerheide, où une ambiance incroyable et une météo de rêve ont régné durant tout le week-end de compétition.

Nous devons toujours offrir les meilleures conditions possibles à nos quelque 300 athlètes ainsi qu’à l’ensemble du staff.

Walter Reusser, CEO Sport

Qu’avez-vous appris durant la saison ?

Reusser : Nous avons pu voir une nouvelle fois à quel point la victoire et la défaite, ou la chance et la malchance, sont étroitement liées. Je pense ici aux différentes annulations de courses et aux nombreuses chutes parfois très lourdes qui ont entraîné de graves blessures. Sans oublier les problèmes et les discussions qui ont germé au sein des sports de neige, à commencer par le calendrier des courses ou la commercialisation centralisée.

Züger : Du point de vue suisse, nous avons à nouveau connu l’une de nos plus belles saisons sur le plan sportif. En ski alpin, nous avons encore augmenté notre niveau en comparaison avec la saison précédente, qui était déjà exceptionnelle. Mais j’ai aussi le sentiment qu’une légère ombre plane sur l’hiver et sur les sports de neige, en raison des questions climatiques et des différents thèmes mentionnés par Walter en lien avec la FIS. Les défis que nous devons relever à petite échelle en Suisse sont bien plus importants à l’échelle mondiale. C’est ce que je ressens lorsque je discute avec des personnes extérieures à Swiss-Ski, en particulier avec celles qui viennent de l’étranger. Il y a des médias, surtout à l’étranger mais aussi parfois en Suisse, qui décrivent des scénarios catastrophiques pour les sports de neige. Ce décalage avec l’enthousiasme que l’on ressent ici grâce aux succès des sports de neige suisses est quelque chose de frappant. Nous ne devons pas nous laisser aveugler. Je pense qu’en Suisse, nous vivons peut-être dans une sorte de bulle en raison de nos succès. Mais si nous voulons continuer à développer notre sport dans le monde entier, nous devons relever de grands défis pour lui redonner une image plus positive, au-delà des frontières suisses.

Quelle est selon vous la plus grande priorité dans l’optique de la saison prochaine ?

Züger : Nous devons enfin avancer dans les discussions avec la FIS sur la commercialisation centralisée. Malheureusement, cette question bloque également de nombreux autres sujets en lien avec le développement de notre sport. Nous avons travaillé de manière très intensive avec les autres fédérations de ski au cours des derniers mois et espérons maintenant trouver des solutions avec la FIS.

Reusser : Les défis sont toujours nombreux. Je pense par exemple aux changements de génération et aux athlètes blessés, ce qui pousse les autres à endosser un nouveau rôle. Nous voulons continuer de développer nos onze sports et pas seulement maintenir le niveau de performance actuel. Nous devons toujours offrir les meilleures conditions possibles à nos quelque 300 athlètes ainsi qu’à l’ensemble du staff.

Züger : Les exigences augmentent avec le succès, notamment en ce qui concerne l’accompagnement individuel. Nous devons générer les ressources financières nécessaires pour rester compétitifs et continuer à nous développer. Il est important de ne pas fanfaronner quand le succès est là, mais de se concentrer dès maintenant sur ce qui viendra dans dix ans. C’est dans les périodes fastes que l’on commet le plus d’erreurs. Nous en avons déjà fait l’amère expérience par le passé chez Swiss-Ski. Quand on surfe sur la vague du succès, on ne peut pas se permettre de perdre un millimètre dans la promotion des jeunes talents et du sport de loisirs. Nous devons également être prêts à investir dans la numérisation et les futurs potentiels de commercialisation, afin de pouvoir conserver sur le long terme nos recettes commerciales déjà élevées, voire les augmenter.

Les Championnats du monde de biathlon à Lenzerheide et les Championnats du monde de snowboard et de ski acrobatique en Engadine n’auront pas lieu dans dix ans, mais déjà l’hiver prochain. Comment Swiss-Ski compte-t-elle tirer le meilleur parti de ces grands événements sur le plan sportif ?

Reusser : Il s’agira de profiter de l’avantage d’évoluer à domicile en essayant d’organiser des entraînements exclusifs sur les installations des Mondiaux, en connaissant parfaitement les conditions de neige et en créant les meilleures conditions possibles en concertation avec les comités d’organisation locaux. Pour les athlètes, la perspective de participer aux Championnats du monde devant leur public est quelque chose d’unique dans leur carrière. Cela leur donne une motivation supplémentaire dès le printemps, au début de la préparation. Nous le voyons lors de chaque étape de Coupe du monde en Suisse : nos athlètes sont portés par les fans helvétiques. Ce soutien sera encore plus grand lors des Championnats du monde de Lenzerheide et en Engadine.

Züger : J’ajoute que nous souhaitons générer des ressources financières supplémentaires grâce à l’organisation de ces Championnats du monde. Notre stratégie pour les Mondiaux, adoptée il y a quelques années, prévoit des projets d’héritage qui doivent également profiter aux générations futures. Nous voulons bien entendu obtenir un maximum de bons résultats la saison prochaine lors de ces deux grands événements dans les Grisons. Mais nous voulons aussi en faire une carte de visite haut de gamme en matière d’organisation et d’expérience pour les fans. Les images qui seront diffusées dans le monde entier mettront en valeur nos magnifiques montagnes et nos installations de pointe. Nous voulons aussi atteindre de nouveaux groupes cibles et fidéliser ces fans.

Reusser : Je tiens à souligner une nouvelle fois ce que Diego a mentionné : les fonds d’héritage liés aux prochains Championnats du monde sont en particulier destinés à la relève. Ils doivent aider les jeunes athlètes à atteindre l’élite mondiale et à prendre la succession de nos meilleurs athlètes quand ces derniers prennent leur retraite. L’énergie positive de ces grands événements sert à améliorer encore les structures.

Depuis quelques mois, on parle également de l’organisation en Suisse du plus grand événement de sports d’hiver au monde : les Jeux Olympiques. Comment Swiss-Ski a-t-elle participé aux projets olympiques suisses jusque-là et comment s’implique-t-elle actuellement dans le projet « Switzerland 2038 » ?

Züger : La stratégie relative aux grands événements est justement née du constat que les candidatures olympiques en Suisse ont connu plusieurs échecs ces dernières années. C’est pourquoi nous voulions organiser des Championnats du monde dans nos différents sports, ce qui nous a très bien réussi. Le fait que les JO d’hiver soient à nouveau une option sérieuse en Suisse est très important pour Swiss-Ski et pour l’ensemble du sport national. Même si l’horizon est lointain, nous voyons comme une grande opportunité le projet « Switzerland 2038 » et le dialogue privilégié avec le CIO. Ce délai important est également positif, car il permettra de planifier des projets d’héritage en lien avec les infrastructures et la promotion de la relève. Plusieurs grands événements de sports d’hiver auront lieu en Suisse d’ici 2038. Il s’agit de bien coordonner tous ces événements et d’en tirer le meilleur parti possible pour le sport. C’est une chance à saisir pour l’ensemble du sport suisse. Si nous parvenons à montrer au monde comment organiser des JO durables, ce sera la meilleure publicité pour le sport et notre jeunesse, ainsi qu’une carte de visite pour le pays tout entier.

Reusser : Les compétences de Swiss-Ski en matière d’organisation d’événements et d’infrastructures sont parfaitement adaptées aux JO 2038. De même, nous envisageons d’organiser les nouveaux FIS Games en Engadine, avec des compétitions dans tous les sports de la Fédération internationale de ski et de snowboard (FIS).

Nous nous sommes fixé pour objectif d’élaborer une vision « Sports de neige 2050 » d’ici la fin de l’année. Il est important pour nous de nous pencher à long terme sur le sujet du changement climatique et de la durabilité.

Diego Züger, CEO Commercial

Vous avez déjà évoqué le défi de plus en plus important que représente l’organisation d’événements de Coupe du monde en raison du changement climatique. Comment Swiss-Ski s’adapte-t-elle ?

Züger : Avec le Présidium, nous avons profité du débat actuel pour réfléchir de manière approfondie à la direction que doivent prendre les sports de neige sur le long terme. Nous nous sommes fixé pour objectif d’élaborer une vision « Sports de neige 2050 » d’ici la fin de l’année. Il est important pour nous de nous pencher à long terme sur le sujet du changement climatique et de la durabilité. Les événements de Coupe du monde mentionnés sont essentiels à la pratique de nos sports. Il est donc important de réfléchir à une planification intelligente des événements afin de minimiser les risques d’annulations. Mais n’oublions pas une chose : il y a toujours eu des annulations et il y en aura malheureusement encore régulièrement. Nous pratiquons un sport d’extérieur. C’est pourquoi nous avons des événements qui se déroulent par une météo exceptionnelle devant un panorama de montagne unique ; ce qu’aucun autre sport ne peut offrir, j’en suis convaincu. Le revers de la médaille est que si la météo n’est pas au rendez-vous, le risque d’annulation est grand. Nous devons composer avec cette vaste palette de scénarios, contrairement à d’autres fédérations sportives.

Reusser : Il est important de pouvoir compter sur la coopération des fédérations internationales et nationales ainsi que des organisateurs locaux. Les courses doivent être organisées lorsque cela a le plus de sens pour la région concernée et lorsque la probabilité qu’elles puissent avoir lieu est la plus grande. Elles doivent aussi être conçues de telle sorte que les athlètes puissent planifier leurs efforts. La Coupe du monde doit être abordée comme une série d’événements, et l’objectif devrait être que les meilleurs ne choisissent pas de sauter des courses mais prennent le départ partout.

Ces derniers mois, les sports de neige ont été critiqués à plusieurs reprises pour leur manque de durabilité. Quels sont les efforts entrepris par Swiss-Ski dans ce domaine ?

Züger : Il y a un an, Swiss-Ski a déjà lancé une stratégie de durabilité jusqu’en 2030. Dans ce cadre, nous adoptons différentes approches pour rendre les sports de neige plus durables. La stratégie de durabilité comprend des objectifs à trois niveaux : Swiss-Ski en tant qu’organisation, Swiss-Ski en tant que (co-)organisateur d’événements de sports de neige et Swiss-Ski dans son rôle de leader de la communauté des sports de neige. Au niveau des événements, qui vont de la simple manifestation de sports de loisirs aux Championnats du monde, Swiss-Ski soutient les organisateurs avec des outils, son savoir-faire et son réseau, afin d’assurer une organisation et une réalisation plus durables. Dans les deux autres domaines, nous mettons l’accent sur les thématiques de l’énergie et des infrastructures, de la mobilité, du matériel et de l’approvisionnement, de l’égalité des sexes et de l’équité, ainsi que de l’héritage. Les objectifs sont par exemple l’optimisation et l’électrification de la flotte de véhicules, l’augmentation de la précision dans le domaine du matériel par l’optimisation des quantités commandées, ou encore l’augmentation de la part de femmes dans différentes fonctions des sports de neige. Comme mesure supplémentaire, Swiss-Ski a fondé l’association Snowstainability à l’été 2022, en collaboration avec son partenaire durabilité BKW. Cette association soutient financièrement des projets en Suisse qui ont pour but de rendre les sports de neige plus durables. On peut par exemple citer l’éclairage LED du tremplin de saut à ski d’Einsiedeln ou le portillon de départ à énergie solaire dans le cadre de la Coupe du monde à Zermatt.

Reusser : Afin de faciliter le travail des comités d’organisation, Snowstainability soutient également le développement d’un manuel pour les événements de sports d’hiver durables. Nous sommes en contact étroit avec les organisateurs sur ce sujet. Lors de l’étape de Coupe du monde de biathlon à Lenzerheide, par exemple, un nouveau concept d’arrivée et de départ a été utilisé pour la première fois : le billet de transports publics était inclus dans le billet de l’événement. Notre but ultime est de faire en sorte que les sports de neige soient pérennes et puissent continuer à être pratiqués par les futures générations d’athlètes. Dans cette optique, nous nous penchons actuellement sur la vision à long terme « Sports de neige 2050 » en compagnie de toutes les parties prenantes concernées. Toutes les dimensions de la durabilité sont prises en compte, à savoir les aspects écologiques, économiques et sociaux.

Dans le cadre des efforts de durabilité, une interdiction des farts fluorés a été introduite au début de la saison 2023/24. Quelle satisfaction en retirez-vous du côté de Swiss-Ski ?

Reusser : Nous avons investi dans la stratégie non fluorée il y a quatre ans déjà, car nous savions qu’une éventuelle interdiction des farts fluorés serait un « game changer ». En collaboration avec la Haute école zurichoise de sciences appliquées (ZHAW), nous avons lancé des projets dans ce sens et travaillé de manière intensive sur des solutions non fluorées. Nous sommes très satisfaits de la manière dont nous avons pu être compétitifs cet hiver avec nos propres produits développés en interne. Cela se reflète dans la grande utilisation de nos produits à tous les niveaux de compétition. En moyenne, nos quelque 60 servicemen ont utilisé nos produits lors de 90% de toutes les compétitions.

Est-il prévu de mettre un jour à la disposition du sport de loisirs les farts non fluorés que vous avez développés ?

Reusser : Une fois qu’il est apparu clairement que les produits fonctionnaient très bien au plus haut niveau, nous avons rapidement constaté une forte demande du côté de la relève et du sport de loisirs. C’est pourquoi nous avons décidé de passer du stade de prototype à notre propre marque de farts et de la mettre à la disposition du grand public. Les farts pourront être achetés dès l’été 2024 sous le nom Fzero (fzero.ch), à la fois auprès d'une sélection de revendeurs spécialisés et dans la boutique en ligne de Swiss-Ski.

Züger : Tout cela s’inscrit parfaitement dans notre stratégie visant à générer de nouvelles sources de revenus afin de pouvoir continuer à développer le sport à tous les niveaux. Tous les fans de sports de neige suisses ont la possibilité de se procurer chez nous le même produit de fartage que celui utilisé au plus haut niveau par nos athlètes.

Depuis un an, vous assumez chacun le rôle de co-CEO. En quoi cette double direction mise en place par Swiss-Ski avant la saison 2023/24 a-t-elle porté ses fruits et où voyez-vous encore un potentiel d’amélioration ?

Reusser : Les missions de Swiss-Ski sont extrêmement larges. C’est surtout la complexité des sujets qui a conduit à la mise en place d’une double direction. Nous voulons que notre Fédération fasse partie de l’élite mondiale dans tous les domaines. Notre réputation est très bonne. Il est plus facile de gérer la Fédération dans sa globalité si l’on peut se concentrer sur certains domaines au sein de la direction. Nous avons très bien réussi à séparer le sport d’autres thématiques compliquées. Je considère cela comme une grande valeur ajoutée, car nos athlètes peuvent ainsi se concentrer sur le sport.

Züger : La diversité et la complexité des sujets qui nous occupent, associées à leur grande visibilité, font qu’il est plus facile de répartir le tout sur quatre épaules. Je ne peux que souligner les avantages mentionnés par Walter.

Quels sont les principaux défis liés à ce nouveau rôle de co-CEO ?

Züger : Jusque-là, le plus important dans notre collaboration en tant que co-CEO est selon moi la courbe d’apprentissage élevée et la grande confiance qui nous est accordée à tous les deux du côté du Présidium, mais aussi des collaborateurs. Même si nous ne trouvons pas le temps d’échanger sur un sujet précis, chacun de nous sait que l’autre prend en compte les deux domaines – sport et commercial – quand il prend une décision. « Wala » et moi, nous nous connaissons depuis très longtemps et nous avons totalement confiance en l’autre. C’est une condition essentielle, sinon la collaboration ne fonctionnerait pas aussi bien. Mettre en place une double direction a nécessité de nombreux ajustements. Mais le plus important, c’est l’équipe solide qui nous entoure chez Swiss-Ski. Chacune et chacun de ces collaborateurs apporte sa contribution au succès collectif. Travailler dans un environnement aussi passionnant avec autant de personnes motivées est un vrai plaisir.

Reusser : Et j’ajoute que nous avons tous deux le même état d’esprit, à savoir le principe qui veut que « le meilleur argument compte ». Il s’agit de trouver ensemble la meilleure solution pour Swiss-Ski. Notre COO et CFO Claudia Lämmli joue un rôle important au sein de la direction de la Fédération, car elle nous couvre tous les deux dans le domaine des services. Nous pouvons également compter sur le soutien de notre personnel, qui met son savoir-faire avec passion et engagement au service des sports de neige suisses, que ce soit sur le terrain ou au siège de la Fédération à Worblaufen.

Dans quels domaines pouvez-vous profiter l’un de l’autre ?

Reusser : Nous nous connaissons depuis 20 ans. Même lorsque nous ne travaillions pas ensemble, nous ne nous sommes jamais perdus de vue. Une amitié est également née, ce qui fait que notre collaboration repose sur une grande confiance mutuelle. Nous connaissons les forces et les faiblesses de l’autre et savons où nous pouvons nous soutenir.

Quels sont les points forts que vous appréciez chez l’autre ?

Reusser : Ce qui m’impressionne chez Diego, c’est sa grande motivation et sa capacité à comprendre les choses rapidement. Il connaît très bien le sport de compétition pour l’avoir lui-même pratiqué et apporte ainsi un énorme savoir-faire dans les activités de la Fédération. Mais les collaborateurs bénéficient aussi de ses grandes compétences sociales.

Züger : Walter a un immense sac à dos rempli de connaissances en lien avec le sport. Il a étudié les sports de neige comme personne d’autre, sous différents angles. J’apprécie sa clarté et sa franchise, et je suis impressionné par sa capacité à penser en réseau. Je trouve incroyable la manière avec laquelle il parvient à exercer son rôle de chef dans le sport tout en proposant un soutien sur une base collective.

Les adaptations structurelles de Swiss-Ski ont également concerné le sport de loisirs, afin de renforcer ce dernier au sein de la Fédération. Quelle est votre stratégie concrète ?

Reusser : Le sport de loisirs est la base de toute notre structure, que ce soit via les associations régionales et les ski-clubs, mais aussi les bénévoles. Ce sont eux qui rendent possible l’organisation de compétitions ou les entraînements des enfants. Il est important que tous les membres de notre univers de sports de neige connaissent exactement leur rôle. Nous voulons susciter l’enthousiasme de nos membres et les fidéliser, non seulement grâce aux performances sportives de haut niveau de nos meilleurs athlètes, mais aussi par des échanges directs et la collaboration avec Swiss-Ski. Nous voulons continuer à développer les sports de neige en compagnie de notre base. Et pour cela, il faut lui donner la parole.

Züger : Si l’on pense à l’évolution à long terme des sports de neige, il est indispensable d’accorder une grande attention au sport de loisirs. Il est important de trouver un équilibre entre la commercialisation ou la professionnalisation d’un côté, afin de créer une base financière saine pour le sport, et notre vaste base de l’autre côté, qui est marquée par le travail bénévole et la passion pour les sports de neige. Le tout doit être en équilibre. Nous devons toujours tenir compte des besoins de nos associations régionales, de nos ski-clubs et de nos membres dans notre travail quotidien. En parallèle, nous avons la chance de disposer d’une structure de partenaires très stable, et nous avons pu conclure des partenariats à long terme avec de nombreux sponsors. Grâce au soutien de Sunrise, notre Main Partner, il nous est par exemple possible d’ouvrir de nouveaux domaines d’activité en lien avec le numérique afin de nous développer globalement en tant que Fédération. Cela profite en fin de compte aux ski-clubs et aux membres.

Pour terminer, jetons un œil à votre boule de cristal : où en sera la Fédération Swiss-Ski dans dix ans ?

Reusser : D’ici là, nous aurons vécu au minimum trois éditions de Championnats du monde en Suisse. Et nous espérons que les JO d’hiver seront au programme des années suivantes. Nous devons continuer à transmettre aux générations futures les valeurs en lien avec le sport. Nous voulons évoluer au plus haut niveau technique, jouer un rôle de pionnier et offrir aux athlètes une base qui leur permette de vivre de leur sport. Des décennies de tradition et l’importance des sports de neige dans notre pays doivent être préservées et, si nécessaire, être modernisées.

Züger : Absolument, car les sports de neige sont un bien culturel suisse. Il s’agit d’en prendre soin. Pour mener notre sport avec succès vers l’avenir, je pense qu’il est important de continuer à développer le produit sports de neige tant au niveau national que mondial. Il est essentiel que la base des sports de neige nous accompagne dans cette voie. Dans dix ans, il faudra qu’un maximum de personnes de tous les âges et de toutes les couches sociales continuent de vibrer pour les sports de neige et entrent en contact d’une manière ou d’une autre avec nos beaux sports et avec Swiss-Ski.