Des structures d’équipe bien établies, avec plus d’individualisation, de proximité et de qualité

Retour
Photo: Keystone-ATS

Le coup d’envoi de la saison de ski alpin 2021/22 sera donné dans un mois avec la Coupe du monde à Sölden. Walter Reusser, Directeur Ski Alpin chez Swiss-Ski, évoque la préparation de l’équipe suisse, les effets de l’adaptation des structures dans le domaine de la relève et les défis posés par les Jeux Olympiques d’hiver à Pékin.

Les premières épreuves de Coupe du monde de la saison olympique 2021/22 se tiendront dans un peu plus d’un mois. La préparation semble se dérouler sereinement et sans problème majeur.

Walter Reusser : Tout est très structuré. Chacune et chacun connaît ses tâches et y travaille. Nous sommes bien organisés et bien positionnés. L’ambiance est détendue, l’équipe est concentrée sur l’entraînement sur la piste. Nous bénéficions de conditions idéales et du soutien précieux des responsables locaux sur nos glaciers à Saas-Fee et Zermatt.

L’hiver passé, nous avons fait un sans-faute au classement des nations en Coupe du monde : la Suisse a figuré en tête du classement autant chez les femmes que chez les hommes. Comment maintenir, voire améliorer encore ce niveau ?

L’un des sujets majeurs est l’augmentation de la qualité, et ce, autant dans les domaines physiques et techniques qu’au niveau de l’alimentation ou du matériel. Ici, il s’agit de développer les meilleures solutions individuellement. Nous avons créé des structures permettant aux différents groupes de s’entraîner de manière optimale. Notre staff est constitué de sorte que les athlètes disposent de points de contact pour toutes leurs questions et demandes. Nous sommes en train d’individualiser tous ces processus au sein de cette structure bien établie. Un athlète aura besoin de soutien supplémentaire au niveau de l’alimentation, une autre plutôt dans le domaine de la récupération et un troisième pour des questions de matériel. Il s’agit de pouvoir y répondre de manière adéquate.

Des adaptations structurelles ont été effectuées dans le domaine de la relève en amont de la nouvelle saison. Est-il déjà possible d’en tirer un premier bilan ?

Comme nous l’avons espéré, les différents niveaux commencent à se rapprocher, qu’il s’agisse des centres de performance nationaux, des associations régionales ou des rassemblements U16 nationaux, dont deux ont eu lieu jusqu’ici depuis l’adaptation des structures à l’échelon de la relève. Quelque 40 filles et garçons issus des interrégions Ouest, Centre et Est ont eu l’occasion de s’entraîner aux côtés des équipes de Coupe du monde à Zermatt et de profiter des infrastructures idéales offertes sur place. Les retours ont été très positifs.

Quels sont les objectifs de Swiss-Ski avec la mise en place de ces nouveaux rassemblements U16 nationaux ?

Il s’agit de permettre aux athlètes n’appartenant pas encore à un cadre Swiss-Ski d’entrer en contact avec des personnes qui pourraient se révéler importantes pour eux dans le futur. Selon moi, cette proximité avec Swiss-Ski est essentielle. En sus des athlètes, les entraîneurs et les coaches doivent eux aussi disposer d’un point de contact auquel ils peuvent s’adresser s’ils nécessitent du soutien pour résoudre un problème. Ils doivent pouvoir bénéficier des acquis les plus récents de Swiss-Ski dans les domaines de la recherche et de la formation, les mettre en pratique avec leurs athlètes dans leurs régions et graduer les connaissances acquises à leurs propres besoins. Un autre objectif est de pouvoir mettre à disposition une infrastructure à même de faire progresser techniquement les meilleurs athlètes des trois interrégions. Nous voulons leur permettre de s’entraîner en fonction d’un indice de référence. Afin de juger de la qualité d’un entraînement, il est nécessaire de connaître les routines d’entraînement des meilleurs athlètes.

Nos structures bien établies et la soif de succès de nos athlètes m’incitent à l’optimisme.

 

Covid oblige, le début de la saison passée était parsemé de points d’interrogation. Quelle est la situation cette année ?

Les incertitudes persistent, malheureusement. D’une part, nous savons désormais que le déroulement d’une saison de Coupe du monde est possible, malgré le contexte lié au Covid-19. Cela nous donne une certaine sécurité. D’autre part, si nous agissions encore dans une sorte de mode de survie l’année passée, les défis sont devenus plus importants aujourd’hui. Nous en savons toujours davantage sur cette pandémie et disposons d’outils plus nombreux. Toutefois, les prescriptions deviennent toujours plus détaillées et donc plus complexes. À cela s’ajoute le fait que les dispositions d’entrée des différents pays peuvent être modifiées à tout moment. Si nous souhaitons bien entendu que les événements sportifs puissent avoir lieu avec du public, cela nous pose certains défis de taille.

Es-tu confiant que Swiss-Ski pourra se maintenir à la tête de la hiérarchie mondiale en ski alpin ?

Nos structures bien établies et la soif de succès de nos athlètes m’incitent à l’optimisme. Néanmoins, même si nous avons affiché une certaine avance l’année passée, la hiérarchie en ski alpin reste très serrée et il est loin d’être évident de se maintenir au même niveau. Rien n’est acquis. Les autres nations mettent elles aussi tout en œuvre pour progresser. Par conséquent, nous ne pouvons pas nous permettre de relâcher nos efforts. Si nous parvenons à nous appuyer sur les qualités qui nous ont caractérisés la saison passée, nous pouvons être confiants. Les facteurs du succès sont multiples : qualité de l’entraînement, santé, conditions météo. La grave blessure de Semyel Bissig illustre bien la façon dont les choses peuvent tourner rapidement. Cette saison, il aurait été l’un des athlètes qui aurait pu contribuer à rendre notre équipe de slalom géant et de super-G encore plus solide.

L’équipe féminine a été particulièrement touchée par les blessures la saison passée. Où en sont les athlètes concernées aujourd’hui ?

Cela diffère d’une skieuse à l’autre. Aline Danioth, qui a subi une nouvelle intervention au printemps, est encore loin d’un retour en compétition. Elle doit pouvoir se rétablir sans pression et sans précipitation. Elena Stoffel, Andrea Ellenberger et Charlotte Chable ont, pour leur part, repris l’entraînement et peuvent à nouveau accomplir des volumes importants. Leur état de santé est bon, mais l’on ne peut pas s’attendre à ce qu’elles retrouvent immédiatement leur niveau d’avant leurs blessures. Il faut leur donner le temps nécessaire.

En ce qui concerne les Jeux olympiques de Pékin, il est précieux de pouvoir compter sur des athlètes expérimentés et une équipe bien huilée en arrière-plan.

 

Les Jeux Olympiques d’hiver à Pékin sont le grand rendez-vous de la saison à venir. Marqués par les mesures Covid-19, les Jeux d’été à Tokyo se sont terminés il y a quelques semaines seulement. As-tu déjà pu parler avec les acteurs concernés des expériences faites au Japon ?

Oui, nous avons déjà eu des échanges avec des fonctionnaires présents à Tokyo à propos des JO sous le régime Covid-19. Un nouvel entretien suivra. Nous pourrons en tirer certains enseignements. Toutefois, le ski alpin ne peut être comparé aux autres spécialités sportives, notamment en ce qui concerne un paramètre en particulier. Les disciplines d’été dans lesquelles la Suisse peut ordinairement viser de bons résultats ne comptent que peu de compétitions tributaires de la météo et susceptibles d’être repoussées. Les compétitions d’athlétisme ou de VTT, par exemple, ont toujours lieu le jour J et à l’heure H. On sait des mois à l’avance à quel moment il s’agira d’être prêt. Les écarts de calendrier sont pour ainsi dire exclus. Les choses sont différentes pour le ski et cela a des conséquences importantes sur la conception des blocs d’entraînement. Des courses peuvent être avancées ou repoussées en raison de la météo et il convient de faire preuve de beaucoup plus de flexibilité, notamment en ce qui concerne les voyages. Ces aléas représentent un défi de taille. Le niveau de stress augmente si des séances d’entraînement doivent être annulées ou s’il est prévisible qu’une compétition ne pourra se dérouler dans des conditions parfaitement équitables. La préparation en vue d’une compétition est plus aisée dans la plupart des autres spécialités sportives.

Aucune épreuve test n’a pu avoir lieu en Chine dans le cadre de la Coupe du monde. Est-ce problématique ?

Les conditions sont les mêmes pour toutes les équipes. Il est important de pouvoir tirer le meilleur des expériences et des connaissances acquises durant les entraînements effectués en amont de la compétition, afin que nos athlètes sachent parfaitement ce qu’ils devront faire durant la course. Dans un tel contexte, il est précieux de pouvoir compter sur des athlètes expérimentés et une équipe bien huilée en arrière-plan.