Lara Gut-Behrami : un hiver de rêve à l’automne de sa carrière

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Photo: Keystone-ATS

À près de 33 ans, Lara Gut-Behrami est devenue la skieuse la plus âgée à remporter le classement général de la Coupe du monde. Une apogée tardive dont tout le monde ne la croyait plus capable après 2017, mais qui avait de bonnes raisons de se produire.

8 victoires et 16 podiums en 28 courses, seulement six résultats hors du top 6 : Lara Gut-Behrami a littéralement vécu un hiver de rêve ! Comme une évidence avec un tel bilan, la Tessinoise a remporté le classement général de la Coupe du monde pour la deuxième fois après 2016, ajoutant au passage les petits globes du super-G et du slalom géant.

16 ans après son premier podium (3e place), marqué par sa célèbre chute au moment de franchir la ligne d’arrivée de la descente de Saint-Moritz en février 2008, Lara Gut-Behrami est ainsi devenu la gagnante du général de la Coupe du monde la plus âgée de l’histoire. Nombreux sont ceux qui ne l’imaginaient plus revenir au sommet du ski féminin, et pas seulement en raison de la domination de Mikaela Shiffrin. Il faut dire que sa carrière n’a pas suivi une trajectoire linéaire, loin s’en faut. Les blessures et la pression immense sur ses épaules ont fait dérailler à plusieurs reprises celle qui a triomphé à 45 reprises en Coupe du monde et qui est également championne olympique et double championne du monde.

Ce n’est que récemment que Lara Gut-Behrami a trouvé l’équilibre nécessaire à une longue carrière. En suivant sa propre voie, elle a réussi à se débarrasser de ce poids qui, pendant des années, avait si fortement pesé sur elle et transformé sa vie de sportive professionnelle en une lutte pour survivre.

« Il n’y a pas eu un moment clé qui a tout changé. Il y a eu beaucoup de petites étapes », résume Lara Gut-Behrami, en faisant référence au déclic qui est intervenu après le tournant de sa carrière aux Mondiaux 2017 à St-Moritz, lors desquels elle s’est déchiré le ligament croisé durant l’échauffement du slalom du combiné. Une grave blessure qu’elle a ressentie comme une délivrance, une échappatoire qui l’a fait sortir de sa roue de hamster.

Avant, toute sa vie tournait autour de la victoire, a-t-elle expliqué plus tard. Ces nombreuses petites étapes ont permis à la Lara Gut-Behrami sereine d’aujourd’hui de ne plus être la Lara Gut d’avant 2017, uniquement motivée par la quête permanente du succès maximal.

Une coupure de taille à l’été 2018

En 2018, la Tessinoise s’est retirée de tous les réseaux sociaux, a réduit au minimum les interviews et autres obligations de sponsoring et a renoncé à empocher de coquettes sommes grâce à des revenus annexes afin de privilégier sa santé mentale. Autant de choix qui ont là encore contribué à sa transformation positive. Sans oublier bien entendu sa relation avec Valon Behrami, qui lui a visiblement fait beaucoup de bien sur le plan privé et sportif.

« Désormais, je suis enfin cohérente », déclarait Lara Gut-Behrami après sa coupure de 2018. Concernant sa relation avec l’ancien joueur de la Nati, qu’elle a épousé cette année-là, elle disait : « J’ai trouvé en Valon la personne qui m’a montré qu’il y avait autre chose que le sport dans la vie. Il m’a aidée à changer, à évoluer et aussi à mieux me comprendre. Grâce à lui, j’ai pris conscience qu’il y avait bien plus que le ski. Grâce à lui, j’ai réalisé que ma joie ne dépendait que de la victoire jusque-là. »

La championne tessinoise a eu besoin de temps et de patience pour renouer avec ses meilleures années sportives et trouver une constance qu’elle n’avait encore jamais connue. Elle a d’ailleurs fini par célébrer certains succès sur le tard après leur avoir longtemps couru après. En 2021, elle est devenue championne du monde de super-G et de slalom géant à Cortina d’Ampezzo (3e de la descente). En 2022, elle a remporté le titre olympique qui lui manquait en super-G à Pékin (3e en slalom géant).

Et voilà que Lara Gut-Behrami remporte le classement général de la Coupe du monde pour la deuxième fois. La blessure de Shiffrin a certes joué en sa faveur durant cet hiver de rêve. Mais il serait faux d’attribuer sa victoire au classement général à ce seul paramètre. Avant que Shiffrin ne se blesse fin janvier, l’Américaine comptait 420 points d’avance sur Gut-Behrami. Mais à ce moment-là, huit slaloms avaient déjà été disputés, contre seulement quatre descentes et super-G. La Tessinoise aurait donc également été en mesure de rattraper et dépasser une Shiffrin en pleine forme.

« Elle a connu une magnifique carrière, en montant sur le podium très tôt et en faisant preuve de constance durant toutes ces années. En tant que fan de sport, je dois dire que j’aime tout simplement la regarder », reconnaît Shiffrin.

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