Beat Tschuor: "Le plus important est que le sport vive et survive"

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Swiss-Ski

Beat Tschuor, le chef des entraîneurs des équipes dames de Swiss-Ski, s'exprime pour Keystone-ATS avant le début de la Coupe du monde à Sölden ce week-end. Il évoque son rôle supplémentaire de manager du Covid-19 et ses conséquences. Toutefois, le Grison refuse de céder à la panique.

- Beat Tschuor, la saison de Coupe du monde débute ce week-end à Sölden. Quelle satisfaction cela vous procure-t-il de retrouver les compétitions et aussi un retour à une certaine normalité ?

- Je n'espère pas que cela soit ça la normalité ! Pour l'avenir, je n'espère pas que cela restera comme ça parce que je n'ai pas grand-chose à faire avec le ski en ce moment. Je suis plus manager du Covid-19 que chef des entraîneurs.

- Comme se présente votre rôle ?

- J'essaie autant que possible de tenir tout ça loin de l'équipe. Les athlètes, les entraîneurs et les autres membres de l'entourage doivent pouvoir se concentrer exclusivement sur l'aspect sportif. De mon côté, je dois m'attendre à l'inattendu et en même temps espérer qu'il ne nous touche pas.

- Qu'est-ce qui changera ?

- En premier, c'est l'absence des spectateurs qui m'interpelle. Cela va être complètement inhabituel pour nous. Là-dessus se greffent les différentes zones dans lesquelles chacun sera réparti selon sa fonction. Par exemple, les athlètes et les membres du staff recevront des bracelets rouges, les médias des jaunes. Tout doit se passer si possible avec de la distanciation. Nous devrons nous en accoutumer. Le plus important est que le sport vive et survive.

- Le point primordial est que les courses puissent avoir lieu ?

- C'est exact. Ce n'est qu'ainsi que notre sport survivra. Les courses se disputent, l'argent tombe, les droits TV et de marketing affluent. Et cela nous permettra de financer le futur des entraînements.

- Redoutez-vous une diminution du budget dans un avenir proche ?

- Nous nous trouvons actuellement dans une situation solide. Si la saison se déroule selon le calendrier prévu, les fédérations n'auront pas de problème. Mais si seule la moitié de courses voire moins se dispute cela sera sûrement problématique.

- Pensez-vous déjà à un scénario du pire ?

- Je suis un pragmatique et je regarde le tout avec une portion de flegme. La panique n'a pas sa place. Nous voulons regarder positivement en avant et travailler dans ce but. Chaque athlète à sa propre petite activité à maintenir. L'important est qu'il puisse la présenter.

- Cela passe moins par les spectateurs sur place que par les stations TV ?

- Si la TV retransmet, les rentrées d'argent des sponsors sont assurées pour les athlètes. Peut-être devrons-nous ici et là faire quelques coupes mais il y a des branches de l'économie qui seront plus touchées par la situation dramatique que nous. Nous n'avons pas perdu beaucoup de courses l'hiver dernier et nous démarrons - si l'environnement le permet - relativement normalement la nouvelle. C'est clair que tout le tralala est plus coûteux, tout est très sensible. Si tous suivent les prescriptions, cela semble prendre une tournure relativement bonne pour notre discipline. C'est l'avantage des sports en extérieur.

- Vous être devenu presque un manager Covid-19 comme vous le dites vous-même. Quelle place occupe encore le sport dans votre activité ?

- Le côté sportif a naturellement toujours la plus haute place que le management du Covid-19. Le plus important était de pouvoir nous préparer le mieux possible et que les athlètes puissent livrer les meilleures performances. Et je dois le dire: notre préparation à Saas-Fee, Zermatt et ces derniers jours sur le Diavolezza a été excellente. Nous avons pu en tirer le meilleur.

- Comment ont été acceptées les mesures de sécurité sanitaire dans votre équipe ?

- Je trouve intéressant comme l'homme s'habitue vite aux nouvelles situations. Toute l'équipe a agi avec discernement. La distance et toutes les règles ont été très bien respectées. Quand nous nous trouvons proches les uns des autres comme par exemple pour les analyses vidéo, nous portons des masques. C'est la même chose dans les trains et les télécabines.

- Avez-vous tous des chambres individuelles ?

- Nous avons édicté en interne des règles claires, qui concernent aussi notre comportement à l'hôtel. Malheureusement, la FIS ne prévoit pas dans ses règlements que chaque athlète puisse disposer d'une chambre individuelle lors des compétitions.

- Le super-scénario catastrophe serait...

- ... que toute l'équipe doive être mise en quarantaine et que nous manquions des courses. Pour moi en tant que chef des entraîneurs ce serait le pire des scénarios.