Ralph Pfäffli, l’infatigable papa du skicross

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Photo: Keystone-SDA

Ralph Pfäffli est considéré comme l’architecte des succès suisses en skicross. A 54 ans, il va céder son poste d’entraîneur en chef à Enrico Vetsch mais exercera une nouvelle fonction à Swiss-Ski.

Ces journées-là vous font passer par tous les états d’âme, vivre des moments éprouvants et des émotions merveilleuses! Il y a eu le feuilleton autour de la médaille de bronze de Fanny Smith, suivi quelques heures plus tard par le triomphe total avec l’or pour Ryan Regez et l’argent pour Alex Fiva.

Pour l’entraîneur en chef de l’équipe suisse de skicross, cela a engendré des émotions assez fortes. Ralph Pfäffli est un routinier, il fait partie du monde du skicross depuis des années, mais il a de la peine à trouver les mots pour décrire ce qu’il a vécu à Pékin. Un adjectif lui vient finalement à l’esprit: «Incroyable.» Avant d’ajouter: «Ce genre de scénario n’arrive que dans les rêves. C’est fou!»

Le Bernois est un homme qui travaille loin des caméras et des micros. Pour lui, un élément a toujours été fondamental: le travail en équipe. «Il y a bien sûr de la concurrence pendant la course», dit-il, «mais la meilleure manière de progresser sur le plan individuel est d’être unis pendant les entraînements.» C’est la raison pour laquelle il n’a jamais attaché d’importance à l’étiquette de «chef». L’équipe passe avant tout et il a toujours aimé travailler avec simplicité, loin des conventions.

Engagé pour la Croix-Rouge en Afrique

Le Bernois originaire de Kehrsatz est un passionné de ski depuis l’enfance, il fait aussi du snowboard et a été prof de ski à Gstaad. Mais le sport n’est pas essentiel dans sa vie. Pfäffli, qui a effectué un apprentissage de mécanicien poids lourds et qui a ensuite obtenu un diplôme en ingénierie automobile à Bienne, travaille dans les années 90 sur mandat de la Croix-Rouge dans différents pays d’Afrique, où il met en pratique les connaissances acquises pendant ses études.

Pfäffli est un aventurier, tour à tour chef de projet dans une entreprise de construction de stands d’exposition, responsable du chronométrage en Coupe du monde de snowboard et en athlétisme; le ski a toujours été sa passion. Quand il passe au skicross au début du millénaire, il se retrouve rapidement pour la première fois au départ d’une épreuve de Coupe du monde. Mais sa carrière s’achève après une saison et il se consacre bientôt à un nouveau projet qu’il appelle aujourd’hui «mon bébé». En octobre 2003, Swiss-Ski lui propose de reprendre la fonction d’entraîneur en chef de l’équipe de skicross.

Il accepte parce qu’il y voit une opportunité et non un risque. Son budget annuel se monte à environ 23 000 francs, salaire et déplacements compris. Il ne peut pas en vivre, mais ce projet le fascine tellement qu’il ne le quitte plus.

L’argent n’a jamais été sa motivation

Pfäffli est entraîneur et bien plus encore. Il accompagne, écoute, organise, filme et cherche des sites d’entraînements; pour joindre les deux bouts, il donne un coup de main en été sur des chantiers ou dans la construction de stands d’exposition. «L’argent n’a jamais été une motivation pour moi», dit-il. «Quand j’étais convaincu par quelque chose, que j’y voyais un sens profond, j’y mettais toute mon énergie.»

«Une discipline tout simplement cool»

Pour lui, le skicross est «une discipline tout simplement cool». Comme il est là depuis le première heure, son grand avantage est d’avoir la liberté d’agir comme bon lui semble. Pfäffli a une formation d’entraîneur, mais il contribue lui-même beaucoup à son propre développement. De plus, il a un certain talent pour sentir les situations et les personnes. En plus de sa compétence sociale, ce qui le distingue est sa capacité à penser logiquement, agir rapidement dans des phases délicates et improviser. Si nécessaire, il prend les choses en main et il dispose de l’habileté nécessaire pour agir.
Et comme il est aussi à l’aise dans les langues, la communication ne représente pas un problème pour lui.

Il aime les hivers durant lesquels il est habituellement hébergé avec les athlètes dans des appartements et pas dans des hôtels. Et même s’il est le «papa du skicross», il est à l’aise avec des jeunes bruyants et pour ce qui est de la vie commune, il se souvient toujours des valeurs que lui ont inculquées ses parents: tolérance et
respect.

Un nouveau rôle

Le skicross est son monde depuis deux décennies. Et il le restera, même s’il occupera désormais une nouvelle fonction. Le poste d’entraîneur en chef sera repris par Enrico Vetsch, avec lequel Pfäffli collabore étroitement depuis longtemps. A la suite d’une restructuration, Ralph Pfäffli devient, quant à lui, responsable du pôle sportif «Speed» de Swiss-Ski en skicross, snowboardcross et snowboard alpin. Christoph Perreten est quant à lui le nouveau chef Ski freestyle, Freeski et Snowboard freestyle (pôle sportif «Style»).

Pfäffli s’est établi en Allgäu, d’où est originaire son épouse. Ils ont un fils de deux ans qui s’appelle Felix. L’Allemagne n’est pas une terre étrangère pour Pfäffli. Sa mère est allemande, il est donc de nationalité suisse et allemande. Ralph Pfäffli a beaucoup de projets et d’idées, il déborde  ’enthousiasme et il est mû par l’ambition de s’améliorer constamment à tous les niveaux. L’autocritique est son maître mot. Se remettre en question plutôt que se reposer sur ses lauriers est sa devise.

Il ne s’offre qu’une seule pause par année. A la fin de la saison, il passe un mois entier en Suède
avec sa famille pour se consacrer à sa femme et à son fils, se reposer et faire le plein d’énergie afin de pouvoir s’attaquer à sa nouvelle tâche avec un dynamisme intact.