«Je veux gagner avec mon coeur»

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Skieuse couronnée de succès, Lara Gut a derrière elle une grande carrière riche en rebondissements et un potentiel tout aussi important. Le silence ne se fait jamais autour de la sympathique Tessinoise. Elle a toujours su ce qu’elle voulait.

Lara, qui es-tu aujourd’hui? Et quel genre de sportive es-tu devenue?

Lara Gut: «Je suis une femme mariée de 27 ans, qui fait du ski. Plaisanterie mise à part, je pense que la chose la plus importante est de trouver la voie qui te mène à toi-même. La personne que je suis aujourd’hui est le résultat de ce que j’ai vécu et de la manière dont j’ai vécu jusqu’à présent, de ce qui m’a manqué et de ce que j’ai pu apprendre au cours des mois et des années passées. J’ai eu la chance de gagner des compétitions très tôt, dès mes débuts. Cela se révèle parfois à double tranchant, parce que ça te rend déterminé à continuer à gagner et à te concentrer sur la façon dont te peux y parvenir ou augmenter ta volonté de gagner. Souvent, tu veux ce qui te manque au lieu d’être heureux de ce que tu as déjà accompli. Mon dernier accident et le fait de savoir Valon (Behrami) à mes côtés m’ont rendu plus forte et plus confiante en mes moyens. Je vis plus consciemment, je suis devenue plus sensible et j’ai appris à accepter mes faiblesses. Par exemple, lorsque mon chez-moi ou la personne qui m’est le plus proche me manque. Je suis devenue un athlète dont le sens dans la vie n’est pas seulement réduit à de nouvelles victoires.»

Quel genre de sportive aimerais-tu devenir?

«J’espère que ma nouvelle conscience m’aidera à profiter des victoires comme il se doit. En y repensant, je remarque que mon bonheur après une victoire a été jusqu’à présent plutôt superficiel. Je ne l’ai pas ressenti au plus profond de moi. Désormais, je veux gagner avec mon coeur et faire ressentir ce sentiment à ceux qui m’ont aidé sur le chemin de la victoire.»

Les deux dernières années ont été décisives dans cette démarche. Quels changements ont été importants pour toi?

«Le vrai changement s’est produit avec la victoire au général de la Coupe du Monde. En tant que sportive, tu te poses constamment des questions. Et quand tu atteins le sommet, tu regardes en arrière et essaies de comprendre pourquoi tu es arrivé si loin. Or tu n’as pas le temps. Parce que la prochaine étape consiste encore une fois à placer des attentes envers soi-même. On court le risque de les transformer chaque jour en compétition contre soimême, sans être content de soi. Mon dernier accident a inévitablement brisé ce cercle vicieux et m’a montré les vraies priorités de la vie, tant sur le plan sportif que privé. J’ai réussi à gagner alors que j’étais sous tension. Alors pourquoi je ne gagnerais pas si je devenais plus calme et insouciante à l’intérieur?»

Qu’est-ce qui t’occupe le plus en ce moment?

«Tout ce que l’on fait repose sur des détails: la vie, le ski et aussi le matériel. Il peut être très utile d’accorder également de l’attention à des choses insignifiantes en apparence. J’ai appris ces dernières années que la tranquillité intérieure et la modestie sont cruciaux si l’on veut mener un projet à bien.»

Comment fais-tu pour concilier Lara, la femme, avec Lara, la sportive?

«Ce n’était pas facile de concilier la femme avec la sportive jusqu’à ce que je prenne conscience que les deux caractères sont en fait complémentaires. Le fait de savoir qu’il y a autre chose que les victoires est devenu une valeur fondamentale pour comprendre à la fois qui et ce qui m’a vraiment aider à obtenir du succès.»

Et comment parviens-tu à concilier ta vie privée et ta vie d’athlète?

«Ma vie privée est devenue un peu plus excitante (rires). C’est aussi nouveau pour moi d’être constamment sous les feux des projecteurs, et que chaque message dans les médias sociaux ou chaque détail de notre vie de couple soit instrumentalisé, en ignorant les véritables sentiments entre nous. Nous sommes conscients que les projecteurs braqués sur nous font partie de notre vie tant que nous sommes des athlètes. Mais nous savons aussi qu’il vaut la peine de vivre notre vie comme ça nous chante, et comme si nous étions seuls au monde. Ce sera très spécial pour moi qu’à partir de maintenant Valon suivra les courses de ski à l’arrivée avec ma famille. Pour lui aussi d’ailleurs, quand je suis dans les gradins et qu’il me cherche du regard avant le début du match.»

 

LARA DÉBARQUE AU CINÉMA - «Looking for Sunshine»

Sortie en salle le 1er novembre

Un an sur la route avec Lara Gut, de son sacre au général de la Coupe du Monde en 2016 jusqu’à son retour après une blessure contractée au sommet de sa carrière. Le film documentaire de Niccolò Castelli montre une jeune femme et athlète exceptionnelle à la recherche de son propre chemin. Dans cette quête, elle se retrouve au coeur d’un champ de tension entre l’épanouissement personnel et les attentes du public.

Si vous voulez rencontrer Lara et les autres champions comme Bruno Kernen, Christoph Kunz ou Bernhard Russi, vous pouvez gagner des billets pour les premières dès le dimanche 28 octobre.

Toutes les informations sur le site : http://lookingforsunshine.ch/contest/

Dimanche, 28 octobre à 18h00: Riffraff Zurich avec Lara Gut
Lundi, 29 octobre à 19h30: Cinestar Lugano avec Lara Gut
Lundi, 29 octobre à 20h15: Rex Thoune avec Bruno Kernen et Christoph Kunz
Vendredi, 2 novembre à 20h15: CineClub Berne avec Bernhard Russi

Lara Gut: «C’était facile de tourner ce documentaire avec Niccolò (Castelli) parce qu’il a eu la sensibilité de ne pas envahir ma vie, mais simplement de l’accompagner et de la documenter. Je me suis donc toujours bien sentie. C’était en revanche moins simple de regarder le film, parce que je me suis retrouvée confrontée à des moments difficiles dans ma vie. J’aurais aimé me glisser dans l’écran pour aider cette jeune fille abandonnée et sans défense qui essayait de se battre face à elle-même. Je l’ai vu avec Valon et j’ai été impressionné par la façon dont il a saisi l’essence du documentaire. Il m’a dit qu’avant l’accident, il n’avait pas vu la vraie Lara dans mes yeux et dans mon sourire. Et moi, je me suis dit que heureusement, j’ai réussi à vivre à nouveau correctement.»