Ragettli veut faire sortir son sport de son cercle d'initiés

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Les vidéos de ses sauts périlleux font le tour du monde et atteignent des millions de vues sur Youtube ou sur les sites anglo-saxons comme ceux d'ESPN, de la BBC ou de CNBC. Pourtant, le Grison Andri Ragettli est très peu connu du grand public suisse. Cela pourrait pourrait changer dimanche, après l'épreuve du slopestyle aux JO de Pyeongchang.

Le très élancé Grison de 19 ans, avec ses longs cheveux blonds, sort tout de suite du lot lors de la conférence de presse de présentation des freestylers olympiques suisses, à Bokwang. Les médias nationaux se précipitent sur ce jeune homme qui a plutôt l'habitude d'être entouré par sa - large - communauté de fans que par la presse tout-public. Mais ce sont les Jeux, et Ragettli sait bien que seule cette plate-forme peut lui garantir une exposition générale et faire sortir sa discipline de son cercle habituel. Il se prête de bonne grâce aux questions.

Son objectif est clair: il aimerait un jour pouvoir dominer son sport comme le fait Shaun White en half-pipe. White (31 ans), l'icône du snowboard depuis plus d'une décennie, a été sacré champion olympique pour la troisième fois, mercredi. Ragettli, lui, n'a que 19 ans et dispute ses premiers Jeux. Mais il est en tête de la Coupe du monde de slopestyle - discipline qui voit les riders dévaler une pente très raide en enchaînant les sauts et les figures sur des rails - et fut le premier, il y a un an, à réussir un quadruple salto, dénommé dans le jargon quadruple cork 1800. Pour se faire une idée de cette hallucinante acrobatie, un visionnement sur la toile vaut sans doute toutes les descriptions du monde.

Ragettli, de même que son camarade helvétique Fabian Bösch, qui vient de poster un petit clip viral où on le voit s'amuser avec un escalator (plus de 400'000 likes sur Instagram), savent parfaitement jouer avec les réseaux sociaux. Ceux-ci boostent leur popularité et... leurs affaires, au moins autant que les épreuves de Coupe du monde. Lindsey Vonn, elle aussi maîtresse ès réseaux sociaux, est du reste entrée en scène en clamant sur twitter qu'elle désirait vraiment "trouver ce jeune homme" qui l'impressionne, en parlant de Ragettli.

Mais le freestyle n'étant pas du cirque, il faudra que le Grison, pour glaner l'or olympique, convainque aussi les juges. Qu'il fasse preuve de beaucoup de rigueur dans toutes ses figures et qu'il "surfe" parfaitement sur les rails. Les responsables du freestyle suisse l'assurent: leurs hommes sont en forme, prêts à faire oublier Sotchi 2014. Il y a quatre ans, pour l'entrée du slopestyle aux JO, ils étaient repartis bredouilles alors qu'on attendait des merveilles.

Selon Misra Noto, coach du freestyle suisse, Ragettli est un perfectionniste, qui vit "son sport de façon très professionnelle et fait tout pour être un leader. Il a même renoncé aux sucreries", précise-t-il.

Ragettli en est conscient: "C'est aux Jeux qu'on peut se faire un nom. Et j'ai déjà montré cette saison que j'étais bon." A suivre, ce dimanche, avec l'enchaînement des qualifications et de la finale des douze meilleurs...