«Désormais, les autres équipes nous regardent»

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Michel Roth, l'entraîneur national, avec Noé Roth aux Championnats du monde à Park City 2019.

L'équipe de Suisse de ski acrobatique se présente le torse gonflé pour le début de la Coupe du monde et pour les mondiaux de la saison à venir. Michel Roth, l'entraîneur national et le maître d'oeuvre des succès helvétiques, évoque dans une interview ses protégés, la pandémie du coronavirus et la situation dans le Bélarus.

Il est évident que Michel Roth est plus que le coach de l'équipe de Suisse dans le monde des "Aerials". Joint par téléphone à Ruka en Finlande, où il se trouve pour les débuts de la Coupe du monde, Roth est également pointu sur le domaine des tremplins en tant que chef de construction.

Michel Roth, comment résumeriez-vous la dernière saison des skieurs acrobatiques suisses ?

Ce fut un petit rêve, simplement formidable. Noé (réd: Roth, son fils et celui de l'ancienne championne Colette Brand) a remporté le classement général de la Coupe du monde, Pirmin (réd: Werner) a terminé quatrième et révélation de l'année. C'était violent et nous aimerions naturellement renouer avec le passé.

L'équipe de Suisse est passée au cours des deux dernières saisons du statut de chasseur à celui de chassé. Etes-vous d'accord ?

Je ne vous voudrais pas dire que nous sommes déjà dans le camp des chassés. Mais les autres équipes doivent désormais regarder dans notre direction. Pour cela, nous avons lutté pendant des années. Mais nous voulons modérer nos paroles parce que nous savons qu'il est plus simple d'arriver au sommet que de s'y maintenir.

Donc vous entrez dans la saison, confiant que vous pourrez conserver le même niveau ?

La préparation s'est bien déroulée. Les dernières semaines auraient pu être meilleures d'un poil pour Noé mais c'est une personne émotive. Nous avons bien travaillé les sauts. Je pense que ça ira.

Le Hurricane (trois saltos avec cinq rotations), le saut le plus difficile en ski acrobatique messieurs, est au point alors ?

Noé est capable d'exécuter ce saut et je voudrais souligner qu'il pourrait déjà le tenter en Coupe du monde. Beaucoup de concurrents ne savent pas encore qu'il maîtrise cette figure. Mais nous attendrons encore jusqu'à la saison olympique l'année prochaine pour le présenter.

Dans de nombreuses disciplines, le coronavirus a compliqué la préparation de la nouvelle saison. Quelle influence a eu la pandémie sur votre équipe ?

Comme nous sommes un petit groupe, nous avons pu nous entraîner comme prévu sur le sautoir de Mettmenstetten. Notre préparation fut grosso modo celle que nous avions planifiée.

Actuellement, le programme de la Coupe du monde n'est pas certain d'être mené selon le projet initial en raison du Covid-19.

Pour le moment, tout paraît aller bien, ce que nous a confirmé une conférence vidéo avec la FIS. Pour les premières épreuves de la Coupe du monde, tout devrait être en ordre. Ce sera sans doute un peu plus difficile, selon certaines rumeurs, pour les Mondiaux en Chine.

Comment cela ?

L'Etat a édicté des lignes très sévères qui sont pratiquement impossibles à appliquer pour les organisateurs.

Et il y a également une étape de la Coupe du monde à Raubitchi au Bélarus. Un pays fortement touché par le corona et instable sur le plan politique ces derniers mois ?

Le problème avec le corona dans ce pays est sans doute beaucoup plus que grand que ce que les officiels ont communiqué. Je ne sais pas comment la FIS va réagir à cette situation.

L'équipe bélarusse vous a côtoyé au cours de votre préparation estivale. Un problème ?

Je suis en contact rapproché avec cette équipe, c'est vrai. C'est pourquoi j'ai également beaucoup d'informations sur la situation sur place. Les sportifs ou les fonctionnaires sont intimidés, ils ont peur d'être mis sur écoute par l'Etat. Et qui se montrerait critique envers le gouvernement, serait exclu de l'équipe nationale, voire puni sévèrement. Nous devons nous interroger ? Voulons-nous vraiment disputer une étape de la Coupe du monde là-bas ?